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de Tam: ma melacolie reprend (fin)

Il y a dans Voyage au Bout de la Nuit une scene ou la vieille grand mere aveugle fait visiter une crypte aux touristes ou ils peuvent voir des corps parfaitement conserves. La grand mere pousse son spectacle jusqu’a tapper sur les corps pour en demontrer la solidite. Dans le roman, la scene est assez drole et on se sent naturellement du cote de la vieille que tout le monde a voulu assassiner par dessus le marche (si mes souvenirs sont exacts, je n’ai evidemment pas le roman avec moi). C’est un bel exemple du talent poetique de Celine : mettre en scene une ancetre qu’on arrive pas a tuer qui tappe sur des cadavres en defiant la mort. Voila qui est bien legitime. Jusqu’au 19e siecle, au moment ou l’on a rejette les cimetieres en dehors des villes et qu’on a tout sterilise, on savait bien que la mort faisait partie de la vie. Shoko et moi, nous le savions aussi hier soir en suivant un cortege funebre pour retrouver notre chemin puisqu’il se rendait forcement a la cremation tout a cote de notre guest house. La vie quoi, avec ses singes et ses chiens errants, avec ses vendeurs et ses rickshows, avec ses touristes perdus, avec tout ce qui bouge et tout ce qui git, avec tous ceux qui passent leur tour, tot ou tard. Et en parlant de tour, mon bonhomme m’en aura joue un drole. Peut etre l’aura t il aussi joue a la mort avec sa barbe enfumee et ses draperies d’or qui sait. Longue vie a lui, ce vieux singe!